12.4.09

Au Café de la Mairie (5-08-2008)

Les yeux ouverts on voit tout. Mais on en voit si peu.
Un demi et une cigarette de tabac aromatisé se marrient bien un jour d'Août que je vis pleinement en chemise noire. Je me retrouve à nouveau sur la place St Sulpice - jadis je la voyait de la fontaine, ou du banc où j'attachait mes rollers. Maintenant c'est du café de la mairie que je m'en rappelle, où s'entrelacent les vers d'un poême écrit il y a quelques années et les souvenirs de nombreuses demi heures que j'y ai passé. Amours fictifs et camaraderies vécues. C'est en quelque sorte un résumé.
J'en arrive à penser qu'on n'est pas plus sérieux à 24 qu'à dix-sept, en platanes qu'en tilleuls. C'est de surcroît une bien déchirante selection qu'exerce le passage du temps; voyant tout compte fait si peu de ce que l'on voit, ce fleuve s'octroie aussi une part de ce qu'on a vraiment vécu, et nos histoires intimes se trouvent être tout aussi poreuses que les publiques. Il est si difficile de parler avec certitude des derniers siècles du second millénaire en Palestine! Il est si difficile de parler abvec certitude de la semaine passée! Où est-elle donc passée? La roche béante avale bien vite ce fleuve du temps, et les sous-terrains inconscients de l'Histoire agissent bien plus qu'ils ne parlent.
(Nous admettons que la spacialization du temps pose quelques problèmes, mais permettons nous cette inexactitude le temps d'une rêverie)
L'Histoire, c'est cette géologie spirituelle qui s'accumule sur sa soeur matérielle. Elle a comme moteur ce fleuve colossal, le Temps, qui est nourri et se tresse d'autant de tributaires qu'il-y-a eu d'êtres humains. Ses matériaux, ce sont le sens, le vrai, le faux, la douleur, les émotions, les sens, les illusions, les convictions. C'est une toison indéfinie qui existe de témoignages et de bouche-à-oreilles. Ils la refont sans cesse. A-t-elle une vraie forme? Est-elle ponctuée de mouvements, d'évènements cosmiques? Qui nous le dira?